Et toi, le confinement, tu l’as vécu comment ? #1 (Inès Kellalib, 2.6)

Trois mois de confinement, c’est long. Alors que cette période inédite touche à sa fin, nous avons souhaité donné la parole à nos élèves. L’école à distance, la routine qui s’installe, les galères mais aussi les bénéfices, parfois inattendus. Comment l’ont-ils vécu ? Qu’ont-ils appris sur eux, sur le monde et notre époque ? D’ailleurs, languissent-ils de retrouver un semblant de normalité, à commencer par le chemin de l’école, qu’on espère tous possible en septembre prochain ?

Du haut de ses 15 ans, Inès Kellalib, élève en seconde, a accepté d’être la première à nous donner son avis et on la remercie. Par téléphone, elle a répondu la semaine dernière à toutes nos questions avec franchise et lucidité.

Pour info, l’interview est également disponible en version vidéo et c’est à découvrir sur notre compte Instagram.

Pour commencer, comment as-tu vécu ces trois mois de confinement, sur le plan personnel et scolaire ? 

Par rapport à la majorité de mes amis, je l’ai plutôt bien vécu. En fait, j’ai essayé chaque jour de trouver les points positifs à ce confinement, et il y en a. Après scolairement, j’avoue, cette période fut une grande source de stress, mais même sur ça, j’en retiens de bonnes choses. Par exemple, ce confinement nous a obligé à prendre un peu plus nos responsabilités en tant qu’élève et développer encore plus nos capacités qu’on travaille déjà à l’école en temps normal, comme l’autonomie, l’organisation dans le travail et même, la capacité à se projeter.

A se projeter, c’est-à-dire ?

C’est un peu paradoxal. Alors que nous étions à la maison, ne pouvant pas sortir, j’ai la sensation que nous avons plus regarder autour de nous. Personnellement, dans ce contexte, je me suis plus concentrée que d’habitude sur les choses qui m’entourent, ici et dans le monde. Concernant l’école et mon avenir, ce confinement m’a également offert plus de temps que prévu pour réfléchir à mon orientation. Ce fut une bonne chose pour ma part car beaucoup de spécialités me plaisaient et j’étais en plein doute sur le choix à faire.

Qu’est-ce qui t’a le plus manqué ces trois derniers mois ?

Franchement, le lycée. Il est vrai qu’en temps normal, on a tendance à se plaindre souvent d’avoir trop d’heures de cours mais très rapidement, avec les amis, nous nous sommes rendus compte que le lycée est le lieu où l’on se retrouve, où l’on partage, où l’on vit avec des gens de notre âge. C’était encore plus dur, je trouve, pendant la période du ramadan qui est un mois de partage. Religieux ou pas, les gens se rassemblent et passent les soirées ensemble. C’est ça, cette absence de contact qui m’a manquée. La danse aussi. C’est ma passion. Et comme je suis quelqu’un de stressée par nature, la danse m’aide à me vider la tête, à décompresser. Mais là, avec ce confinement, c’était impossible d’aller à la salle.

Ce qui m’a manqué, aussi, c’est l’interaction avec les professeurs. Le fait de pouvoir parler de vive-voix avec eux. Je me suis d’ailleurs fait la remarque qu’il nous manquait peut-être un espace d’échanges, de débats, de prises de parole, et j’aimerai bien mettre ça en place, un peu dans l’esprit du club ONU, afin que tout le monde puisse y participer et discuter. Car on ne peut pas faire comme si ce confinement n’a jamais existé. Je suis persuadée que notre vie ne sera plus comme avant.

Un « nouveau » quotidien s’est mis en place, tout doucement, pendant ce confinement. A quoi ressemblait le tiens et le considérais-tu aussi contraignant sur la fin ?

Il nous a fallu un temps d’adaptation, pour nous, les élèves, comme pour les professeurs, je pense, notamment par rapport à la gestion des outils numériques. Puis petit à petit, comme vous dites, une routine s’est mise en place, et j’en étais assez contente, avec des cours, des visio et un nouvel emploi du temps qui nous permettait de ne pas faire des grasse matinée et d’être productif. L’après-midi, je faisais du sport, mes devoirs, des recherches pour mon orientation, les études supérieures… Il y a aussi eu Netflix qu’on a tous beaucoup regardé au début puis au bout d’un moment, on en fait le tour alors, on passe à autre chose… Personnellement, ce que j’ai fait beaucoup, aussi, quand tout cela était terminé, c’était de passer des appels téléphoniques.  Je ne suis pas une grande adepte du téléphone mais jamais je n’ai autant téléphoné que ces trois derniers mois… Et ça faisait du bien.

D’après toi, à chaud, quel impact aura ce confinement sur ta génération ?

Sur le plan scolaire, je pense que d’avoir été confronté à cette situation d’école à distance va nous permettre dès l’an prochain d’être plus à l’aise avec les outils numériques. Je suis certain qu’on utilisera beaucoup plus Classroom, par exemple, et ça sera bénéfique. Bien sûr, la phase d’adaptation va être un peu difficile pour tout le monde quand on reprendra normalement mais globalement, on aura tous appris des choses, que ce soit en termes d’autonomie ou de capacité à gérer la charge de travail qui était assez conséquente. Tout ce travail aura un impact positif. Sur le plan individuel, je trouve que cette période a développé notre curiosité. Nous nous sommes beaucoup plus intéressés à ce qui se passe en dehors, ailleurs dans le monde, pas seulement au Maroc, et sur ce point, les réseaux sociaux ont montré qu’ils n’avaient pas que des points négatifs car nous avons pu ainsi communiquer, s’informer entre nous, régulièrement. En tout cas, dans mon cercle d’amis, nous avons souvent fait des live sur Instagram pour discuter ensemble, débattre de nos visions du monde. Je pense que quand tout cela sera fini, on continuera de râler qu’il y a trop de cours, car on aime ça, mais en fait, on va plus profiter de ces petits moments du quotidien, comme ceux que l’on vit au lycée, quand on se retrouve à la récré ou qu’il faut courir entre deux bâtiments car le temps nous manque entre les cours…

As-tu prévu de partir en vacances, cet été ?

En temps normal, je serai parti voir ma famille en France et en Angleterre mais vu le contexte, je ne sais pas si ça sera envisageable et judicieux de sortir du territoire. Il y a de fortes chances que mes vacances se feront surement à Marrakech, avec mes amis.

Une dernière question, plus légère : si tu pouvais te “télétransporter” où tu veux, tu irais où ?

Avec tout ce qui se passe en ce moment autour de la morte de George Floyd, j’aimerai beaucoup me rendre aux Etats-Unis. J’aimerai voir en vrai ce qui s’y passe, pouvoir manifester, agir, donner mon opinion. 

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