NOS ELEVES DE L’OPTION THEATRE PRENNENT LA PLUME A PROPOS DU SPECTACLE “LE TRIBUNAL DE L’HISTOIRE” A L’IFM

DES LIENS POUR ALLER PLUS LOIN

Nos élèves de l’option théâtre prennent la plume après avoir assisté au spectacle “Le tribunal de l’histoire” à l’IFM

Dans le cadre de leurs apprentissages, nos élèves de 2nde, 1re et terminale suivant l’option théâtre au lycée ont travaillé de concert sur la création d’une critique d’un spectacle que nous vous partageons ci-dessous. Ce travail d’équipe a été supervisé avant et pendant les fêtes de fin d’année par leurs professeures de théâtre.

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Le tribunal de l’Histoire, “Parlons-en!”

Vendredis 4 et 11 décembre 2020, à l’Institut français de Marrakech, les élèves de l’option théâtre seconde, première et Terminale, encadrés par leurs professeures de théâtre, ont assisté à la représentation de Le tribunal de l’Histoire. Cette séance scolaire, limitée à 20 élèves, était organisée dans le strict respect des consignes sanitaires des autorités marocaines. Ils ont ensuite eu la chance d’échanger, pendant trois-quarts d’heure, avec Barry Moumini, auteur et metteur en scène du spectacle et Salah Charef, son interprète. Cette première création de Néo-Griots, collectif pour un “art engagé et panafricain”, a pour personnage principal un ex-avocat échappé de l’asile psychiatrique qui intente un procès contre l’humanité pour la énième fois.

Objection votre honneur!

Le rideau s’ouvre sur “la rue des martyrs”, cadre spatial où s’installent progressivement les figurants du “décor en mouvement[1]” de ce paradoxal seul en scène. Ces figurants sont des anonymes ou des artistes locaux que Barry Moumini invite lors de la tournée du spectacle avec la volonté de décloisonner l’art théâtral. Ainsi, parmi eux, on compte, ces jours-là, les guitaristes Housni Aqarrasse et Zakaria Bouyaj dont les morceaux ponctuent la pièce.

Silencieux et indifférents au discours de cette gloire du barreau déchue, ces témoins représentent la société en général à qui on reproche sa passivité face aux crimes perpétrés depuis la nuit des temps. Sont en effet rappelés pêle-mêle la saint Barthélemy, le génocide arménien, la traite arabo-musulmane, la Shoah, le génocide du Rwanda, les persécutions des Ouïghours… L’avocat des causes perdues qu’incarne avec fougue Salah Charef vise par là à nous faire comprendre que “l’Histoire […] écrite par les vainqueurs[2]” est partiale et continuera à l’être sans un sursaut citoyen.

“C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous[3].”

Lors de son entrée en scène, le comédien, comme pourchassé par des soignants à ses trousses, arrive en trombe. Portant une camisole blanche, il serre dans ses bras une valise dont il sort son seul et unique compagnon, Zak, un ours en peluche,remède à sa mélancolie. On peut également formuler l’hypothèse que ce vestige de l’enfance renvoie à l’innocence perdue de notre humanité. Une humanité marquée de cicatrices comme autant de traces indélébiles mais ignorées d’un passé où règne la violence. Nul n’a envie d’admettre que ces plaies sont toujours à vif, à l’exception d’un fou bien lucide dont la parole mérite d’être entendue.

Tombant la blouse pour endosser le sobre costume d’avocat qu’il extrait aussi de sa valise, l’échappé de l’asile se métamorphose sous nos yeux en plaideur. D’un ton emphatique et fataliste, son réquisitoire prononcé haut et fort est accompagné de grands gestes, qui soulignent le talent oratoire de ce combattant pour la vérité, mais accentuent aussi la folie du personnage qui, porté par son idéal, a sacrifié sa raison.

La scène, une tribune politique

Cette pièce engagée cherche à susciter la réflexion du spectateur, d’ailleurs pris à partie à plusieurs reprises par le personnage de l’avocat brisant le quatrième mur. Barry Moumini se revendique du théâtre épique de Bertolt Brecht, dramaturge allemand du XXe siècle. Il s’agit d’un théâtre qui incite le spectateur à la distanciation et au recul plutôt qu’à la participation émotionnelle, dans une perspective de critique sociale et politique.Et c’est la mise en scène du spectacle qui crée cet effet de distanciation. Ainsi, plutôt qu’un vrai panneau de signalisation portant le nom de la rue où se passe l’action, une simple boîte en carton avec la mention “rue des martyrs”, comme pour souligner le caractère artificiel du décor et le refus de l’illusion théâtrale.

C’est ainsi que Le tribunal de l’Histoire cherche à provoquer le réveil des consciences en dénonçant les nombreuses violences commises par l’humanité et la manière dont elles peuvent être falsifiées ou tues par les dominants. Avec beaucoup d’efficacité et de sincérité, Barry Moumini en appelle au devoir de mémoire : “L’Histoire, parlons-en !”

Compte-rendu rédigé collectivement par les élèves d’option théâtre niveau 1ère

Un grand merci à toute l’équipe de l’IFM ainsi qu’à Salah Charef et Barry Moumini pour ce rare et précieux moment de théâtre.

[1] La formule est de Barry Moumini.

[2] Robert Brasillach, Frères ennemis (1944).

[3] Erasme, Éloge de la folie (1511).

Toujours sur cette même pièce et en complément au travail d’écriture fourni par leurs camarades de 1re, les élèves de terminale ont approfondi le sujet en créant cette vidéo réunissant quelques formules et extraits de leurs propres compte-rendus.

La mise en forme a été soignée par Chakib Moreau que l’on remercie chaleureusement.

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