RENCONTRE POIGNANTE ENTRE NOS LYCÉENS ET DES MIGRANTS SUBSAHARIENS, AU MACAAL

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Au Macaal, nos lycéens se confrontent à la réalité de l’exil des migrants

Pour conclure leurs travaux autour du livre Eldorado de Laurent Gaudé (Acte Sud, 2006), la classe de 2.2 ainsi qu’une classe de 3e du collège Jacques Majorelle sont allés visiter le 15 novembre dernier les deux expositions du Musée d’art contemporain africain Al Maaden (Macaal), à Marrakech. Une journée placée sous le signe du partage et de l’espoir, puisque les élèves ont pu y débattre de l’exil avec quatre migrants et des responsables de l’association Global Diasporas.

Il y a fort à parier que cette rencontre-là, ils ne sont pas prêts de l’oublier. Vendredi 15 novembre, la classe de 2.2 de notre établissement a eu le privilège de pouvoir partager quelques heures avec quatre migrants soutenus localement par l’association Global Diasporas.

Originaires du Cameroun, du Gabon ou encore de Côte-d’Ivoire, Stéphan, Chanel, Ann et Emmanuela avaient accepté de témoigner de leur parcours aux milles détours, deux d’entre eux nourrissant d’ailleurs toujours l’espoir d’atteindre le but qu’ils se sont fixé un jour en quittant tout, à savoir le continent européen.

Une discussion sans langue de bois

Organisée au Macaal, à l’issue d’une visite guidée des deux expositions du moment – dont celle sur Mohamed Meheli et les archives de l’école de Casa -, cette rencontre s’est révélée particulièrement enrichissante, au point d’attirer certains visiteurs qui passaient par là…

Et pour cause : ayant pris le temps de travailler leurs questions en amont, les lycéens ont réussi à sortir du cadre des échanges convenus auxquels les invités ont apporté leur part, avec pudeur et délicatesse, bien sûr, mais sans langue de bois non plus.

Partis du Cameroun, Stéphan et Chanel ont tour à tour évoqué les humiliations, les violences et les souffrances qu’ils ont endurées en traversant le Sahel. Le racket imposé par les passeurs, aussi. L’urgence et la peur, de tous les instants, comme celle d’être à nouveau kidnappé ou de perdre le peu d’argent qu’il leur restait dans les poches et sans quoi la terre promise n’est plus qu’un mirage.

La solidarité et l’espoir en guise de bouées de sauvetage

Face à des élèves visiblement touchés, ils ont aussi eu des mots sur cette solidarité qui les a liés aux autres clandestins rencontrés sur la route, au Niger, au Mali ou encore au Soudan. Des hommes “venus de toute l’Afrique” et qui comme eux, ont osé se mettre en chemin pour s’offrir une vie meilleure, quitte à connaître le dénuement le plus total, comme lorsque “tu n’as pas d’autres choix que de partager une bouteille d’eau à 20” ou comme lorsqu’ils durent séjourner durant des semaines sans presque rien à manger dans cette triste forêt qui jouxte Ceuta, une enclave espagnole dont ils n’ont jamais réussi à franchir la frontière, malgré de nombreuses tentatives.

Cet enfer, cette solitude, ces blessures, Ann et Emmanuela, elles, ont eu la chance de les éviter. Parties de leur pays natal avec un billet d’avion sans retour, ces deux femmes ne s’attendaient pas à poser définitivement leurs valises au Maroc.

Sauf que voilà, le destin en a voulu autrement. Comme elles l’ont longuement expliqué aux élèves, le destin a voulu qu’elles bénéficient d’une grâce royale accordée il y a quelques années à des milliers de migrants, bousculant ainsi leurs plans qui consistaient au départ à rejoindre la France. Aujourd’hui, il n’est plus question de partir. Elles ont des papiers, un travail et voient Marrakech comme leur terre d’adoption, une ville où finalement, les discriminations subies restent moindres que lorsqu’elles vivaient sur la côte marocaine…

S’approprier une oeuvre littéraire avec l’aide d’Instagram

En guise de conclusion à ce bel échange, Emmanuela et Ann ont pris le temps de discuter avec les élèves sur le projet pédagogique qui les a conduits, en début d’année, à réécrire sur Instagram tout le roman Eldorado de Laurent Gaudé (lien pour accéder au compte ici). Et ce, sous l’autorité de leur professeure de lettres Florence Traisnel et de la professeure-documentaliste du lycée, Anne-Catherine Bulteau.

Il est d’ailleurs bon d’ajouter que ce projet visant à sensibiliser les adolescents sur le sort actuel des migrants a également impliqué une classe de 3e du collège Jacques Majorelle et leur professeure Erell Jaffrennou, avec lesquels ils ont partagé le travail de réécriture du livre de Laurent Gaudé. Enfin, notons que celui-ci s’inscrit aussi dans une réflexion didactique élargie de la part des enseignantes citées sur l’exploitation des réseaux sociaux numériques en classe, réflexion par ailleurs inspirée par les travaux du professeur de lettres et formateur Jean-Michel Le Baut que le lycée français de Marrakech accueillera les 17 et 18 décembre prochains pour une conférence et un partage d’expériences sur ce sujet avec les enseignants locaux.

Crédits Photo : J.B. /service communication du lycée français de Marrakech

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