“QUE SONT-ILS DEVENUS ?” ADAM MOUYAL, 26 ANS, EN MASTER A LA LONDON SCHOOL OF ECONOMICS
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“Que sont-ils devenus ?” Adam Mouyal, 24 ans, en Master à la London School of Economics

Notre rubrique “Que sont-ils devenus ?” reprend du service en ce début d’année 2022. Cette fois-ci, direction Londres, où nous sommes allés prendre des nouvelles de notre ancien élève Adam Mouyal. Bachelier au LVH en 2015 (BAC ES), Adam Mouyal a ensuite poursuivi ses études en Angleterre, au King’s College London, puis à la London School of Economics. Passionné par la politique, les arts et l’écriture, il a effectué récemment un stage au sein de l’équipe rédactionnelle du Monde diplomatique, à Paris. Dans les mois à venir, il ambitionne d’intégrer le Collège d’Europe. Rencontre.
Bonjour Adam. Merci d’avoir accepté de répondre à nos quelques questions. Tout d’abord, à quelle période as-tu fait ta scolarité au LVH ? Te souviens-tu, de quand à quand ?
Oui, j’ai commencé ma scolarité au LVH en 2002 en grande-section à l’école Auguste-Renoir, après avoir étudié à l’école américaine de Marrakech. Mon père avait déjà été au LVH, je crois que l’établissement s’appelait Mangin à l’époque. Le choix de me scolariser dans la mission française s’inscrit donc dans une histoire familiale. J’ai ensuite continué ma scolarité au LVH jusqu’en 2015, date à laquelle j’ai passé mon Bac. J’ai obtenu mon baccalauréat en série ES (Sciences économiques et sociales), option sciences politiques, avec mention Très Bien.
Ce diplôme, justement, tu sembles l’avoir obtenu facilement, non ?
Je ne pense pas qu’obtenir le bac en lui-même ait été difficile. La mention TB était une surprise bienvenue, en revanche, que j’avais préparée en calibrant le mieux possible mes révisions. La difficulté est venue des Mathématiques. J’ai toujours eu des difficultés dans cette matière, et j’ai été à deux doigts de ne pas obtenir la section ES en 2nde. Avec du travail, et notamment en prenant du temps sur mes vacances, j’ai appris à gagner de l’autonomie et de la confiance dans cette matière, et j’ai obtenu les notes dont j’avais besoin pour pouvoir intégrer une filière en Économie et Gestion au King’s College London. Je remercie particulièrement Mr Danchin en Terminale et Mr Gabrieli en 2nde, qui ont été patients avec moi, malgré ma lenteur dans la matière.
Au moment où tu deviens bachelier, avais-tu un plan de “carrière” ? Savais-tu quelles études voulais-tu faire ? Et est-ce que ça s’est passé comme tu l’imaginais ? Quelles ont été les principales étapes de ta formation dans l’enseignement supérieur ?
À partir de la 2nde, j’ai développé une obsession pour Sciences Po. J’étais très curieux, mais je n’étais pas un bon élève. Ou du moins, pas un bon élève pour une filière scientifique. Mes atouts étaient l’histoire-géo, le français, les langues… Or pour intégrer Sciences Po, c’est justement sur l’histoire et la culture générale que se faisait la sélection. Sur la culture générale, j’étais très bon. C’est quelque chose que je dois à l’éducation de mes parents qui ont mis beaucoup d’importance sur la culture classique. Quand j’ai intégré la section ES après une 2nde très moyenne, j’étais décidé à réussir à devenir un bon élève. D’une certaine manière, j’avais une deuxième chance, une opportunité de pouvoir m’épanouir dans des matières comme l’économie et les sciences sociales qui semblaient m’intéresser.
En Première, j’ai donc pris au sérieux mon travail, et sur trois de nos vacances, j’ai effectué des stages de préparation au concours de Sciences Po. J’avais l’impression de déjà mettre un pied à l’université, et ça m’a motivé pour travailler. Et puis j’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs. Anne-Iziki Guiraud m’a donné des outils en Anglais sans lesquels je ne serais peut-être jamais partis poursuivre une scolarité au Royaume-Uni. Elle nous faisait lire des articles de The Economist en classe, c’est dire si nous avions une longueur d’avance. Enfin, Mr Dufrenoy, professeur de sciences économiques et sociales, a su m’inculquer la rigueur des sciences sociales et les codes de la dissertation. Il n’était pas un professeur complaisant, mais quand on acceptait de l’écouter, on apprenait énormément.
Enfin, en Terminale, j’ai pris goût aux études. L’économie, la sociologie, la philosophie, l’histoire, la géographie me fascinaient. Je réalisais la chance que j’avais d’étudier. En même temps que Sciences Po, j’avais commencé à émettre d’autres projets d’études. Le bachelor de l’ESCP Europe, les relations internationales à l’université de St-Andrew’s, le management à Warwick… J’ai donc commencé à préparer le TOEFL, notamment avec l’aide d’un coach, Mr Soudani, qui enseigne à Marrakech et dont l’aide a été très appréciée. J’ai tenté la procédure internationale pour intégrer le campus de menton à Sciences Po sur dossier. J’ai reçu beaucoup d’aide de la part d’Amina Zakhnouf que je remercie, qui m’a coaché lors de ma candidature. Malheureusement, je n’ai pas été retenu, et après un passage à vide, je me suis mis en tête de ne pas me relâcher afin d’intégrer l’une des universités anglaises.
Mon bac obtenu, je savais que j’intégrerais une université en Angleterre. Les connaissances que j’avais étaient unanimes sur la grande qualité de formation outre-manche, et l’ouverture d’esprit qu’on y trouvait. Parmi les perspectives de carrière qui m’intéressaient, le journalisme et la diplomatie étaient prégnantes. L’écriture enfin me donnait envie en général, mais je ne savais pas sous quelle forme. Enfin, j’avais beaucoup d’autres projets, j’avais même tenté avec succès les concours d’écoles d’architecture, mais je me disais que je ferais d’abord un cycle dans une université anglaise en économie, ce qui serait une garantie de future stabilité financière, et puis je pourrais décider ensuite de ce que je souhaiterais faire dans la vie.
Et c’est comme cela que j’ai intégré le King’s College London en Economics and Management. Ce fût une année incroyable, de part la découverte de Londres qui est une ville magnifique, mais aussi une année de questionnements. Ce que j’aimais dans l’économie, c’était la façon dont on nous l’enseigne en SES, c’est-à-dire surtout de la macro-économie et de l’histoire de la pensée économique. Or l’économie en Business School, c’est plutôt de la micro-économie et des modèles théoriques. J’ai donc tenté de postuler à Oxford en Politique, Philosophie et Économie, mais mes résultats à l’examen d’entrée n’étaient pas assez bons. Mon année terminée, j’ai décidé de transférer dans une autre filière au sein de mon université. Un ami à moi, Lukas Jansen, étudiait en relations internationales et m’a aidé pour changer de majeure.
Retiens-tu une leçon de vie de tes études ?
De mon expérience je retiens une morale qui m’est personnelle. Je recommande vraiment de faire ce que l’on aime à l’université, et ce dans quoi on s’imagine devenir bon aussi. Ce n’est pas suffisant de survivre dans une filière car on va forcément se retrouver avec des gens qui sont vraiment passionnés par la matière et qui sont brillants. Le système anglais a cette particularité qu’il encourage à choisir ce qui nous plaît vraiment à l’université, ce que je pense être nécessaire car le travail à l’université est solitaire et le bachotage ne peut pas se substituer à un travail de longue durée. Chose qui ne peut être soutenable que lorsque on a un intérêt suffisant pour la matière.
Par la suite, tu t’es retrouvé en stage au sein du Monde diplomatique, n’est-ce pas ? Comment as-tu vécu cette expérience dans l’un des journaux les plus respectés de l’hexagone ?
Au lycée déjà, je lisais le Monde diplomatique, notamment pour améliorer mes dissertations d’histoire-géo et d’économie. En particulier le Manuel d’Histoire Critique et le Manuel d’économie critique dont le public visé étaient les lycéens. Comme je l’ai expliqué précédemment, j’ai toujours voulu écrire, voir devenir “écrivain”. Donc écrire pour le Monde diplomatique restait un projet qui me donnait envie, notamment parce que se sont succédé dans leurs colonnes de grands chercheurs, en particulier Bourdieu, que j’ai appris à aimer dans mes cours de SES en Terminale. C’est donc dans la perspective de pouvoir un jour écrire pour eux, que j’ai commencé dès 2017 à participer à l’organisation de conférences pour le Monde diplomatique. Expérience qui s’est poursuivie jusqu’à ce stage avec la directrice des relations internationales du journal que je viens de terminer. Mais mon travail avec le Monde diplomatique n’est pas fini, car je n’ai pas encore eu l’opportunité d’écrire pour eux. C’est une activité pour laquelle je manque encore d’expérience, mais j’espère que mon travail dans la maison me facilitera les démarches le jour ou je soumettrais un texte aux éditeurs du journal.
As-tu des aspirations professionnelles pour plus tard ? Souhaites-tu faire autre chose ?
Après mon Bachelor, j’ai postulé dans un Master en Économie, Risque et Société à la London School of Economics, cours que je poursuis en ce moment et dans lequel je me sens très épanoui. À la différence de l’économie comme on l’enseigne en école de commerce, c’est une approche de l’économie qui est tournée vers la réflexion autour des conséquences de l’économie sur la politique et inversement. De quoi satisfaire l’ancien élève de section Sciences Économiques et Sociales que j’étais !
Pour ce qui est de mes plans pour le futur, j’ambitionne de postuler au Collège d’Europe, l’école des fonctionnaires européens, afin de poursuivre une carrière dans la bulle européenne. Ce n’est qu’une des différentes possibilités de carrière que j’envisage, mais ce qui est certain c’est que j’ai décidé de faire de la politique. J’ai réalisé à travers mes études, que ce qui reliait le tout dans ma personnalité c’était la volonté de vivre politiquement, de m’engager, de tenter de changer certaines choses autour de moi. Je pense que c’est ma place, et j’aspire à essayer de travailler dans un secteur ou la visée d’agir parmi les acteurs du monde politique est une composante centrale.
Partages-tu les engagements politiques du Monde diplomatique qui, d’un point de vue éditorial, se rapproche de la gauche antilibérale ?
Je partage certaines des valeurs du journal même si je ne me considère pas comme un antilibéral. Je ne suis pas convaincu qu’il soit sain de partager totalement la ligne éditoriale d’une publication. Je crois au fait de lire plusieurs journaux de différentes mouvances politiques pour se renseigner sur le monde. Je suis par contre convaincu par l’exigence d’un journalisme sans compromis avec la publicité, qui ose être intellectuel et prend le temps de réfléchir dans une période où de telles publications se font rares. Les journalistes du Monde diplomatique, Serge Halimi par exemple, sont des gens que j’ai lu à travers les années et dont j’apprécie particulièrement le travail. Ce qu’ils défendent est important, et il est vital qu’une publication comme le Monde diplomatique existe pour présenter un point de vue construit et critique sur la mondialisation.

Aujourd’hui, la vingtaine passée, quel souvenir gardes-tu de tes années lycée, ici ?
Je garde un très bon souvenir de mes années au LVH bien que certaines périodes aient été difficiles. J’ai de super souvenirs d’amitié, d’excitation par rapport au monde des idées, et évidemment de la vie à Marrakech qui est géniale par bien des aspects. J’ai aussi eu des expériences plus difficiles, j’ai été victime de harcèlement au collège par exemple, à une période où la parole n’était pas encore aussi libérée qu’aujourd’hui sur la question.
Quel conseil aimerais-tu donner aux élèves, en particulier à celles et ceux qui vont passer leur Bac dans quelques mois ?
Si je devais donner des conseils aux élèves qui passent leur bac cette année, je leur dirais d’abord de prendre soin de leur santé mentale. De ne pas hésiter à aller consulter si c’est nécessaire, de ne pas se laisser submerger par la pression, en somme, de chercher de l’aide. Plus pragmatiquement enfin, pour ceux qui se sont libérés un espace mental pour travailler, je conseille de travailler à fond durant l’année, surtout au premier semestre, d’écouter très attentivement en cours, de parfaire leur prise de note et de ficher scrupuleusement tous leurs cours. Pendant mes révisions du bac, que j’ai d’ailleurs faites avec un copain, Jules Chessé, nous avions une pause de 2 heures au déjeuner, et nous finissions de travailler à 18h30 avec des pauses de dix minutes toutes les heures. C’était évidemment seulement possible car nous avions déjà fiché nos cours pendant l’année. Je conseille également à chacun de développer une méthode personnelle de prise de notes. La mienne était très particulière, je notais très peu de choses en cours et seulement l’essentiel, en utilisant des codes couleurs, et en écrivant sur des feuilles blanches. Ça me permettait de ficher un cours en une quinzaine de minutes seulement. Chacun doit trouver sa méthode, c’est très personnel.
C’est quoi, finalement, le plus dur lorsqu’on se lance dans des études supérieures ?
Une des choses que j’ai trouvé assez difficile dans le supérieur, a été d’abandonner la pédagogie très scolaire et française qu’on m’avait inculquée au lycée. Le système anglais est très différent dans la rédaction de devoirs, il a donc fallu m’habituer et abandonner des certitudes sur la dissertation, ce qui a été très déstabilisant. Enfin, réaliser que notre parcours au lycée ne détermine pas notre avenir peut-être difficile. Pour certains, qui par exemple n’ont pas obtenu les résultats escomptés au bac, c’est une aubaine car ils réalisent que rien n’est encore joué, et qu’ils peuvent toujours trouver leur voie à l’université. Pour d’autres comme moi qui ont eu une mention TB, on réalise que tout est à refaire, que certains qui revenaient de plus loin au lycée, sont à présent bien meilleurs que nous. Je pense que sur la longue durée on peut arriver à bon port si on s’investit dans ce qui nous intéresse.
Enfin, puisque vous, les jeunes, êtes directement impactés par cette pandémie, à bien des égards. Comment as-tu vécu la période du confinement en France ?
Ce n’était pas facile, j’était confiné avec mon frère Simon Mouyal, qui passait ses concours de prépa filière ECE. C’était assez éprouvant pour nous deux, mais il a réussi à tenir le coup malgré les incertitudes du COVID, et je pense que j’ai fait ma part pour le soutenir. Enfin, c’est à lui de le raconter. Vous pourrez lui demander dans une prochaine interview de “Ce qu’ils sont devenus ?”
Ce sera avec plaisir ! Un grand merci, Adam, pour votre disponibilité et bonne chance pour la suite. D’ailleurs, quels sont vos plans pour les mois à venir ?
Pour le moment j’ai deux objectifs d’ici cet été. Finir mon Master avec de bonnes notes et réussir les épreuves d’admissions au Collège d’Europe. C’est assez succinct comme objectifs mais c’est déjà pas mal de travail !



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