Et toi, le confinement, tu l’as vécu comment ? #3 (Qamar Mouncef, Terminale)

Trois mois de confinement, c’est long. Alors que cette période inédite touche à sa fin, nous avons souhaité donné la parole à nos élèves. L’école à distance, la routine qui s’installe, les galères mais aussi les bénéfices, parfois inattendus. Comment l’ont-ils vécu ? Qu’ont-ils appris sur eux, sur le monde et notre époque ? D’ailleurs, languissent-ils de retrouver un semblant de normalité, à commencer par le chemin de l’école, qu’on espère tous possible en septembre prochain ?

Arrivée dans notre établissement en seconde, Qamar Mouncef a accepté de nous donner son avis et on la remercie. Très impliquée dans la vie associative du lycée, de même qu’au CVL, elle vient d’obtenir son bac avec mention (TB) et prévoit de rejoindre Reims à la rentrée, où elle intégrera Sciences Po Paris. Un pas vers l’inconnu sur lequel nous avons pu échanger avec elle lors d’une discussion où il fut aussi question d’école à distance et de l’impact du confinement sur les élèves de sa promo de terminale.

Comment as-tu vécu toutes ces semaines de confinement ? Sur le plan personnel, tout d’abord…

Je crois que ce qui était le plus important durant ces trois mois de confinement, c’était de préserver sa santé mentale. Au début, on s’est tous un peu sentis obligés de faire des choses, de cuisiner, de faire du sport, d’apprendre plein de langues, puis après quelques semaines, j’ai commencé à m’ennuyer, personnellement. Je trouvais cela monotone et n’appréciais pas spécialement cette pression consistant à être hyper-productif. Au bout d’un moment, ça n’allait pas, j’ai craqué. Je me suis donc extraite de ces obligations pour vivre les choses plus calmement, à mon rythme. En fait, je suis plutôt organisée comme personne. J’aime bien que tout soit calé à l’avance, savoir exactement ce que je vais faire dans l’heure et demain. Sauf que là, c’était impossible à tenir. Il a donc fallu que je travaille sur ça et repense la façon dont je gère mon temps.

Et sur le plan scolaire ?

Sur le plan scolaire, c’était différent. L’école à distance, j’ai trouvé ça très excitant, surtout au début, quand je n’avais qu’un seul objectif : obtenir mon Bac. Au fil des semaines, j’ai appris à me concentrer différemment sur ma scolarité, j’aimais bien ça mais une fois les annonces ministérielles faites sur la mise en place du bac continu, les choses ont un peu changé. En tout cas, je salue le travail de mes professeurs qui ont su adapter leurs approches pédagogiques au contexte. J’ai trouvé les cours très dynamiques, on apprenait tout en sortant de la monotonie du programme. C’était vraiment une expérience positive.

Le lycée te manquait-il ?

Inévitablement ! J’avais un rôle au sein du CVL, dans la vie associative du lycée et ça remplissait mes journées, vraiment. A ce propos, je pense que mes années lycée ont été vraiment importantes pour mon épanouissement car j’ai beaucoup appris en montant des projets avec les autres. Le fait de m’extraire de toutes ces responsabilités, de ne plus pouvoir rencontrer les gens, n’a pas été simple pour moi. Mes amis, mes profs m’ont également manqué. Prendre un café, une crêpe à la cafeteria aussi. Dans le même temps, il y a quand même des points positifs : par exemple, j’ai appris à cuisiner, ce qui pourra m’être utile vu que je vais partir toute seule en France. Ce confinement aura également été bénéfique dans la relation que j’ai avec ma famille. Je suis reconnaissante d’avoir vécu avec elle cette période, de m’être investie dans la vie quotidienne. Ce n’était pas facile tous les jours mais ce que je retiens, c’est que j’ai beaucoup appris de choses sur moi.

Comme… par exemple ?

Le fait qu’il ne sert à rien de tout prévoir et anticiper. L’important, c’est de vivre au quotidien en se fixant de petits objectifs à atteindre.

Le fait de ne pas pouvoir réellement dire “au revoir” à son lycée aura-t-il un impact sur les élèves de ta promo de terminale ?

Oui, c’est une chose difficile à vivre pour notre promo. Devoir quitter le lycée ainsi, sans pouvoir y retourner et profiter de ces derniers moments de vie de lycéen va nous marquer, je pense. Cela s’ajoute au fait qu’avec le bac en contrôle continu, on nous a aussi ôtés toutes les émotions qui font la particularité du passage de l’examen du Bac. C’est un chapitre qui se referme sans que nous ayons pu le vivre à fond. Mais j’espère que nous aurons l’occasion de tous nous retrouver ensemble en fin d’année, au sein de l’établissement, pour faire une fête de fin d’année comme il était prévu de le faire début juillet.

Désormais bachelière avec mention (TB), quels sont tes plans pour la rentrée de septembre ?

Je vais partir en France. J’ai été prise sur dossier à Sciences Po Paris, par le biais de la procédure internationale, et vais rejoindre le campus de Reims. Pour être franche, c’est ce que je voulais faire depuis toujours mais ce n’était pas mon plan de base en début d’année. J’avais un peu laissé tomber ce projet puis un jour, lors d’une discussion, M. Faure, le proviseur, que je remercie, m’a conseillé de tenter ma chance, ce que j’ai fait, à la dernière minute, à deux jours de la date de clôture de dépôt des dossiers de candidature. J’ai d’abord eu une proposition d’admissibilité puis j’ai été retenue après un entretien oral pour le programme anglophone, spécialisation Amérique du Nord. Ce qui est très agréable, c’est d’être très bien renseignée et accompagnée par l’administration de Sciences Po Paris. Je sais par exemple qu’une rentrée physique aura bel et bien sur le campus, tout se fera en présentiel sauf les cours en amphi, pour éviter les rassemblements de tous les étudiants. La semaine d’intégration sera également plus longue que les années précédentes, avec beaucoup d’activités en ligne et événements réduits en termes d’effectif.

Connais-tu le nord de la France ? Et seras-tu seule de la promo à intégrer Sciences Po Paris ?

Ça va être un vrai nouveau départ pour moi car en France, je ne connais que Paris et quelques grandes villes. Forcément, ça sera différent de ma vie à Marrakech, surtout que je suis seule de ma promo à partir à Sciences-Po. La bonne nouvelle, c’est que j’ai déjà noué des contacts avec d’autres élèves marocains des lycées français de Rabat et de Casa, et qui ont été pris aussi, à Sciences Po. Du coup, on a créé des petits groupes et on s’entend très bien. Perso, ça me rassure de savoir qu’on va pouvoir s’entraider car je me demande avec le Covid-19 à quoi ressemblera la vie sociale dans quelques mois.

Pour finir, imaginons que tu puisses aujourd’hui te “télétransporter” où tu veux, tu irais où ?

J’ai toujours été très engagée politiquement pour des causes qui me tiennent à cœur mais avec la pandémie, je me suis réveillée, en quelque sorte. Car je réalise maintenant à quel point les choses peuvent se révéler si proches, si soudaines. Du coup, tout ce qui s’est passé ces derniers mois aux Etats-Unis, au Yémen, les catastrophes sociales, humanitaires, environnementales, ça me remue. Alors si je pouvais me télétransporter, j’irais dans un endroit où je peux aider, être utile, rendre service, même à une toute petite échelle. Les vacances, bronzer à la plage, ça détend, mais ce qui donne du sens à nos vies, c’est d’essayer de changer les choses, d’aider son prochain. En tout cas, si j’ai l’occasion de voyager dans les prochains mois, c’est ce que je ferai.

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